Un solo de salle écrit par Jean Cagnard pour Pierre Pilatte, .

Peut-on passer une éponge sur une table, rassembler les miettes de pain, comme ça, comme ça, et en ressortir indemne ? S’il vous plaît, cessons toute naïveté devant la toile cirée.

On va entendre parler de Madame Chantal, fée dérisoire et repérable de très loin pour son coup d’éponge sur la toile cirée : comme ça, comme ça… Mais venir en conter les prouesses n’est pas aussi simple que son art le suppose. Avec son éponge, on dirait que Madame Chantal lave le visage de celui qui la conte ; et la voix, et les yeux, et l’équilibre de celui qui la conte, tout ça part en décalage, et il y a du retour de manivelle. Voilà justement celui qui la conte, personnage dérisoire et foudroyant, repérable de très loin pour sa philosophie de surface. Il nous parle avec des accélérations de langage et des retards à l’allumage, et le monde pivote sur son axe, normal. C’est un homme, il donne de la légèreté aux fauves pour en faire des oiseaux. Madame Chantal l’a compris, coup d’éponge poésie.